Ce Policy Brief soutient que
- Le Brésil souffre d’un syndrome de développement arrêté, car sa trajectoire de développement est passée de l’extractivisme à l’industrialisation, puis à nouveau à l’extractivisme.
- La priorité donnée à la protection de l’environnement est la nouveauté la plus significative pour Lula en 2022 par rapport à ses précédents gouvernements.
- Le troisième mandat de Lula ne sera pas un gouvernement de gauche. Il dépend plutôt d’une ample coalition et privilégiera des solutions pragmatiques.
- La politique de Lula cherche à améliorer les conditions de vie de larges segments de la population. Les acteurs internationaux devraient donc permettre au Brésil d’accéder à la technologie, notamment dans la perspective de la transition énergétique et socio-environnementale.
Abstract:
En octobre 2023, le Brésil a réélu l’ex-président Luiz Inácio Lula da Silva, qui a promis une alternative au modèle de développement prédateur tout en produisant de la croissance et en améliorant les moyens de subsistance de la population par une transition verte. Ce policy brief soutient que le Brésil est une économie émergente souffrant du syndrome du développement arrêté, car le pays a suivi différentes trajectoires de développement qui ont oscillé entre le modèle de l’extractivisme, l’industrialisation et le retour à l’extractivisme. Dans ses gouvernements précédents, en raison du boom des matières premières des années 2000, Lula a adopté un modèle de développement de type néo-extractivisme, dans lequel les rentes provenant de l’exportation de ressources primaires étaient utilisées pour promouvoir des politiques sociales. Quand le président Jair Bolsonaro est arrivé au pouvoir, le Brésil était déjà l’un des principaux exportateurs de produits alimentaires au monde. Bolsonaro a repoussé la frontière de l’extractivisme, découplant les rentes des politiques sociales et favorisant les élites agroalimentaires et financières. Ce policy brief démontre comment, avec le retour de Lula dans un contexte beaucoup plus combatif qu’auparavant, le Brésil se trouve à la croisée des chemins, en cherchant des moyens de combiner une nouvelle configuration politique tout en abordant un nouveau tour sur sa voie de développement.
Après quatre ans d’un gouvernement confrontationniste, négationniste et néolibéral, Lula promet de réduire la pauvreté, d’éliminer l’insécurité alimentaire, de construire des infrastructures, de réindustrialiser et de restaurer le rôle du Brésil dans la politique multilatérale. Il entend également s’imposer contre l’exploitation minière illégale et lutter contre le réchauffement climatique tout en favorisant les communautés indigènes et les agriculteurs familiaux. Par conséquent, ce Policy Brief se concentre sur les défis à venir pour le Brésil en matière de développement et de transition énergétique, en présentant les trajectoires de développement du pays, en expliquant sa relation avec le néoextractivisme, en discutant de l’émergence du bolonarisme et en soulignant les promesses et les limites de Lula. D’une part, cette étude soutient que la promotion de la protection de l’environnement est la nouveauté la plus significative – et la plus positive – de la position de Lula par rapport à ses gouvernements précédents. Toutefois, d’autre part, l’analyse appelle à la prudence, car la très large coalition nécessaire pour vaincre Bolsonaro signifie que le nouveau gouvernement sera très pragmatique, sans espace pour réaliser tout les réformes nécessaires ou des transitions plus radicales.
http://dx.doi.org/doi:10.17170/kobra-202308148614
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L’auteur: Luíza Cerioli, Université de Kassel
