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Fellows_Beitrag

Call for Fellows 2025

Le projet Extractivism invite à soumettre des candidatures pour des bourses de recherche de courte durée (jusqu’à trois mois), à effectuer à l’Université de Kassel ou l’Université de Marbourg en Allemagne, au milieu de l’année 2025.

The Extractivism.de Project

Extractivism.de est un projet de recherche collaboratif financé par le Ministère Fédéral de l’Éducation et de la Recherche d’Allemagne (BMBF). La recherche est conduite est menée en étroit partenariat entre l’Université de Kassel et l’Université de Marbourg. L’objectif est d’analyser les sociétés extractivistes dans le cadre des transformations climatiques, économiques et géopolitiques globales, avec un accent sur l’Amérique latine et le Maghreb. Nous nous efforçons de contextualiser les sociétés extractivistes dans le cadre plus large de la crise climatique et des interconnexions avec les mutations géopolitiques actuelles, l’aggravation des inégalités mondiales et les transitions énergétiques. Comprendre ce que signifient la durabilité et la décarbonisation pour les pays dont le développement socio-économique repose sur l’extraction et l’exportation de matières premières et de ressources naturelles est une question essentielle. Le projet Extractivism.de explore « les zones d’ombre de la durabilité » dans le Sud global dans un contexte mondial marqué par de multiples transformations. Nous cherchons à comprendre comment et dans quelles conditions, les relations Nord-Sud et Sud-Sud évolueront, en particulier dans un contexte où la sécurité énergétique et la géopolitique des matières premières prennent une importance croissante.

Notre approche combine une rigueur empirique avec un travail théorique approfondie, en reliant des recherches de terrain dans les régions concernées et des données primaires à des analyses qualitatives et quantitatives, afin de proposer des comparaisons transrégionales essentielles. Nous visons à développer de nouvelles théories et méthodes dans les études transrégionales, en examinant si et pourquoi des schémas sociaux, culturels et politiques similaires émergent dans différentes régions du monde.

Notre programme de bourses (fellowship) a pour objectif de faciliter des discussions approfondies entre chercheurs du Sud global, en mettant principalement l’accent sur l’Amérique latine et le Maghreb, en réunissant des universitaires issus de diverses disciplines, notamment la science politique, l’économie, la sociologie, l’anthropologie, les études sur la durabilité et l’histoire. Cette approche interdisciplinaire est essentielle pour encourager le transfert de connaissances dans un cadre Sud-Sud. Nous accueillons volontiers des chercheurs provenant de différentes régions du monde. Nous créons des espaces collaboratifs où les chercheurs peuvent engager des conversations interdisciplinaires et explorer des alternatives politiques fondées sur des bases empiriques, théoriques et méthodologiques solides.

Cadre Thématique :

Le monde est en pleine transition vers une nouvelle ère énergétique. La décarbonisation au profit des énergies renouvelables a déjà commencé à l’échelle mondiale, entrainant une demande croissante pour des matières premières stratégiques, dites « vertes ». Parallèlement, la résurgence des tensions géopolitiques provoquées par des crises internationales telles que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, la pandémie de COVID-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie accélère les politiques nationales visant à réorganiser les chaînes de production et de consommation pour réduire leur vulnérabilité. Cependant, la demande en combustibles fossiles continue d’augmenter, et les avancées technologiques facilitant l’extraction non conventionnelle assurent la pertinence de ces ressources pour les années à venir. Dans ce contexte, les pays du Sud global reçoivent des signaux multiples et parfois contradictoires quant à leur positionnement dans l’économie mondiale et leurs choix de partenaires économiques et politiques. D’une part, ces pays attirent l’attention croissante des gouvernements et des entreprises transnationales désireux d’accéder aux nouvelles ressources « vertes », souvent abondantes et moins coûteuses dans ces régions. De l’autre, ils sont également convoités par de nombreux acteurs cherchant à maximiser la production de pétrole et de gaz avant qu’il ne soit trop tard. L’Amérique latine et le Maghreb se trouvent au coeur de ces transformations.

Depuis le XIXᵉ siècle, un modèle de développement basé sur l’extractivisme caractérise les économies des deux régions. Spécialisées dans l’extraction et l’exportation de ressources naturelles vers les centres industriels en Europe, en Amérique du Nord et en Asie de l’Est, elles disposent de réserves considérables de combustibles fossiles et de minéraux stratégiques, tout en offrant un fort potentiel pour la production d’énergie éolienne et solaire. Les débats autour de l’exploitation de ces nouvelles ressources et de la production d’énergies renouvelables à grande échelle s’imposent comme des enjeux politiques majeurs, suscitant de contestations internes et redéfinissant les coalitions dans les deux régions.

Les transitions énergétiques sont intrinsèquement liées aux dynamiques de puissance politique. La Chine, l’Union Européenne et les États-Unis, ainsi que leurs entreprises transnationales, dominent déjà la production de véhicules électriques, de piles à combustible, d’éoliennes, de panneaux solaires et de batteries lithium-ion, tout en rivalisant pour un accès privilégié aux ressources stratégiques mondiales. Dans ce contexte, ils lancent des initiatives globales pour financer des projets de transition dans le Sud global et tout en renforçant leur influence géopolitique. Le Pacte Vert pour l’Europe et le programme Global Gateway de l’Union européenne influencent les pays du Sud global, incitant les décideurs à attirer des investissements et à renforcer les capacités d’extraction. De leur côté, le Partenariat pour les Infrastructures Globales et l’Investissement (PGII) de l’administration Biden et l’Inflation Reduction Act (IRA) stimule une implication accrue des États-Unis dans des projets renouvelables. Toutefois, le retour de Trump à la présidence pourrait remettre en question cette dynamique. Parallèlement, la Chine consolide ses relations avec le Sud global en adaptant son initiative des Nouvelles Routes de la Soie pour répondre aux défis de la transition énergétique.

Aujourd’hui, les pays du Sud global doivent relever un double défi : D’une part, ils doivent naviguer dans une nouvelle dynamique des relations géopolitiques avec le Nord global, marquée par un intérêt croissant de sécurisation des ressources stratégiques dans un contexte de déconnexion (‘decoupling’), de réduction des risques (‘derisking’) et de relocalisation verte (‘greenshoring’) des processus de production liés aux énergies renouvelables. D’autre part, ils subissent des tensions géopolitiques accrues qui, dans des dynamiques de transition énergétique, risquent d’exacerber les rivalités et le protectionnisme, réduisant les opportunités de transfert durable de technologies ou de savoirs vers le Sud global.

Les boursiers devront analyser les circonstances dans lesquelles peuvent se produire des négociations et des transformations structurelles, ainsi que les nombreux obstacles empêchant les sociétés de dépasser le modèle de développement extractiviste. Nous souhaitons particulièrement explorer les impacts géopolitiques de la transition énergétique. Nous nous intéressons également aux perspectives historiques des transitions énergétiques passées pour enrichir et compléter notre approche en sciences sociales. Nous accueillons ainsi des propositions abordant une ou plusieurs des questions suivantes :

  • Quelles seront les ressources stratégiques de demain, et quels pays ou groupes de pays en tireront parti, sachant qu’ils pourraient aussi figurer parmi les perdants ?
  • Comment les pays du Sud global, notamment en Amérique latine et au Maghreb, réagissent-ils à ces défis dans leurs stratégies économiques, leurs politiques étrangères et leurs politiques de développement ?
  • Qui sont les gagnants et les perdants potentiels des transformations géopolitiques en cours dans ces régions ? Quels groupes sociaux, politiques ou économiques deviennent moteurs du changement, et lesquels tendent à freiner ces processus ? Les dynamiques géopolitiques de la transition énergétique renforcent-elles les forces politiques progressistes ou plutôt les acteurs réactionnaires et nationalistes ?
  • La Chine, l’UE et les États-Unis offrent-ils des opportunités distinctes pour l’Amérique latine et le Maghreb, et cela reflète-t-il des préférences politiques régionales divergentes ?
  • Comment l’UE et l’Allemagne (ré)évaluent-elles leur engagement dans les régions, et à quel effect ?
  • La polarisation politique croissante dans ces régions est-elle liée à des préférences divergentes en matière de décarbonisation, entraînant les pays à osciller entre la dépendance aux combustibles fossiles et les stratégies vertes, les laissant dans une transition instable et incomplète ?
  • De quelles manières l’extractivisme « vert » exacerbe-t-il les inégalités sociales, crée-t-il des conflits autour des terres et de l’eau, et exclut-il certains groupes au sein des sociétés ?
  • Quelles conditions permettraient aux pays riches en ressources du Sud global de bénéficier plus largement de ce contexte géopolitique en mutation ?

Exigences et Conditions

Le programme est ouvert à des chercheurs d’excellence en sciences sociales (économie, sociologie, science politique, relations internationales, anthropologie, histoire). La séléction sera effectuée par le comité scientifique sur la base de critères rigoureux notamment l’excellence académique, la réputation scientifique, les publications, l’expérience dans le domaine de recherche, ainsi que sur la qualité du projet soumis. Les candidats doivent également posséder d’excellentes compétences en recherche et en rédaction dans au moins l’une des langues du projet : anglais, allemand, espagnol ou français. Il est également fortement recommandé que les candidats disposent au minimum d’un niveau intermédiaire en communication en anglais.

Les boursiers recevront une allocation mensuelle pouvant atteindre 3 000 €, ainsi que la prise en charge des frais de déplacement. Enfin, le projet Extractivism soutient les familles et s’engage en faveur de l’égalité des genres, de l’inclusion sociale, de la diversité et des politiques de discrimination positive. Les candidatures provenant du Sud global ou de personnes appartenant à des minorités défavorisées sont particulièrement encouragées.

Documents requis

Les candidatures (en allemand, anglais, français ou espagnol) doivent inclure :

  • Formulaire de candidature (téléchargeable ici) précisant vos disponibilités,
  • Lettre de motivation,
  • CV court (max. 5 pages) avec liste des publications pertinentes au projet,
  • Copie du diplôme doctoral,
  • Proposition de recherche détaillée avec plan de travail et résultats envisagés (max. 2 500 mots).

Envoyez votre candidature en un seul fichier PDF avant le 28 février 2025 à

Téléscharchez le document en anglais, espagnolfrancais.